SER : l’ombre de la contestation plane sur l’éolien
Au lendemain de l’annonce par Jean-Louis Borloo des 50 mesures énergétiques issues du Grenelle, la question du sort réservéà l’éolien s’est largement invité hier, lors des premières tables rondes du colloque du syndicat des énergies renouvelables (SER).
Si l’objectif d’implanter 8 000 éoliennes sur le territoire français d’ici 2020 reste inchangé, le ministre d’Etat a assorti ce plan d’une «amélioration de la planification territoriale, de l’encadrement réglementaire et de la concertation locale», qui fait grincer des dents les industriels du secteur. Pour le ministre, il s’agira de définir des « schémas régionaux de raccordement au réseau », qui « s’imposeront aux zones de développement éolien » (ZDE).
Ouvrant le 10 ème colloque du syndicat, le Président du SER André Antolini a considéré que l’objectif de 25GW de capacitééolienne en France est « incompatible avec un alourdissement des procédures ». Ce serait comme « rajouter une feuille au mille-feuille des autorisations », explique-t-il. Si le syndicat ne se dit pas opposé au renforcement de la concertation, il estime en revanche indispensable de ne pas ralentir des procédures déjà longues et complexes. Pour Antolini, les lourdeurs administratives représentent également un obstacle dans le développement des centrales biomasse, pour lesquelles l’Etat a recours à des procédures d’ appels d’offres.
Du côté du gouvernement, on justifie le renforcement de la concertation par la volonté d’apaiser les esprits autour de l’éolien. La polémique perdure depuis plusieurs semaines, dans le sillage de Valery Giscard d’Estaing, et de la publication d’un rapport de l’Institut Montaigne. Pierre-Franc Chevet, directeur général de l’énergie et du climat au ministère de l’environnement, explique qu’il s’agit de « ne pas se retrouver avec un développement incontrôlable qui pourrait susciter l’opposition de la population ». Il insiste sur la nécessité de prendre les devants sur d’éventuelles polémiques, qui pourraient concerner d’autres sources d’énergie comme la biomasse.
Michèle Pappalardo, ancienne dirigeante de l’Ademe et actuellement commissaire générale au développement durable au sein de ministère, rappelle que par le passé, une meilleure concertation aurait pu éviter des polémiques : « on a clairement survendu les biocarburants », admet-elle, « provoquant des réactions très fortes », des arguments également « survendus ».
Mais pour le Président du SER, l’opposition au développement de l’éolien ne représente qu’une « minorité». Selon lui, « les citoyens sont majoritairement très favorables»à l’énergie éolienne, même à proximité de chez eux. « La campagne de dénigrement systématique (…) nous inquiète », confie-t-il. L’économiste Elie Cohen va plus loin dans la dénonciation des opposants : à partir d’un « premier rejet fondé sur le caractère esthétique » , ils se sont appuyé sur « un argumentaire chiffré, économique » , avant d’utiliser l’argument « démagogique » des « rentes indues » dont bénéficieraient les promoteurs de projets éoliens, accuse-t-il.
La question de l’acceptabilité du développement éolien ne semble toutefois pas si anodine, au vu du nombre de commentaires qu’elle aura suscité tout au long de cette première journée de tables-rondes.
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