Tarif de rachat de l’éolien : avis négatif de la CRE
Annulé en août dernier, le tarif de rachat de l’éolienne a été republié au Journal Officiel, sans changement. A cette occasion, la CRE publie son avis, négatif, sur le niveau du tarif de rachat.
Les tarifs proposés pour les installations implantées en France continentale et sur le domaine public maritime s’avèrent supérieurs au total des coûts de production évités sur le long terme au système électrique, augmenté de la contribution de la filière éolienne aux objectifs de la politique énergétique française, calcule la Commission de Régulation de l’Energie.
Pour la CRE, si le choix de l’éolien est rationnel dans les pays européens dont le parc de production conventionnel recourt majoritairement à l’utilisation de combustibles fossiles, comme l’Allemagne, l’Espagne ou le Danemark, il est d’une efficacité moindre en France métropolitaine, où 78% de l’électricité est produite par des centrales nucléaires et 10% par des centrales hydrauliques. Elle note toutefois que la situation est différente en Corse, dans les départements d’outre-mer, à Saint-Pierre-et- Miquelon et à Mayotte où, du fait de la petite taille et de l’isolement des systèmes électriques, une bonne partie de la production d’électricité est assurée par des centrales au charbon et au fioul de faible puissance, relativement coûteuses et polluantes.
Le surcoût de production liéà l’introduction d’un parc de 17 GW d’éoliennes dans le système électrique français à l’horizon 2015 est estimé entre 1,7 et 2,1 Mds€/an, en comparaison d’une
situation de référence où la production d’électricité serait assurée par des moyens conventionnels. Ce surcoût est jugé”hors de proportion” avec les bénéfices résultant de la contribution de la production éolienne aux objectifs définis par la loi du 10 février 2000, évalués à 450 M€/an sur la base d’hypothèses majorantes.
Au surcoût de production, la CRE rappelle qu’il convient d’ajouter les coûts supplémentaires induits par l’éolien sur le système électrique. Au-delà de 5 à 10 GW installés, la filière éolienne induit un coût supplémentaire en termes d’ajustement et de marges.
Le surcoût dûà l’éolien conduirait ainsi à une valorisation de la tonne de CO2 évitée entre 230 et 280 €, et jusqu’à 490 € pour les éoliennes implantées en mer, selon ses évaluations. A titre de comparaison, le coût budgétaire de l’intervention publique est évaluéà 2 € par tonne de CO2 économisée pour l’isolation thermique des parois opaques, à 31 € pour la mise en place de chaudières à condensation et à 97 € pour la mise en place de pompes à chaleur géothermales.
Compte-tenu des difficultés à moduler la production des centrales nucléaires, l’autorité de régulation indique que plus la pénétration de l’éolien s’accroît, plus la production éolienne se substitue à du nucléaire et plus il devient nécessaire, en contrepartie, de développer le parc de centrales thermiques à flamme, mieux adapté aux variations de charge.
Il en résulte selon elle que les coûts induits par l’éolien augmenteront au-delà du rapport de proportion entre le parc de 17 GW, sur lequel se base la présente évaluation, et celui de 25 GW, qui correspond à l’objectif visé, tandis que le bilan environnemental devrait se dégrader.
Rentabilité des projets
Bien que dégradée en comparaison de la situation constatée en 2006, la rentabilité des projets reste, dans la plupart des cas, très satisfaisante.
Elle est même jugée manifestement excessive pour les installations implantées en France continentale fonctionnant 2 400 h/an ou plus (en équivalent pleine puissance) et pour les installations implantées sur le domaine portuaire, à proximité du rivage ou par faible profondeur, qui bénéficient du tarif applicable aux installations implantées sur le domaine maritime alors que leurs coûts sont davantage comparables à ceux de centrales implantées à terre.
Pour les installations implantées sur le domaine public maritime, la CRE considère qu’il serait
possible d’obtenir de meilleurs prix d’une mise en concurrence des opérateurs sur des zones
prédéfinies par l’Etat. Un tel processus serait de nature à favoriser le consensus sur le choix du site, à simplifier l’obtention des autorisations administratives et à générer une véritable concurrence sur les prix.
Charges de service public dues à l’éolien
La part du surcoût de l’éolien pris en charge par la Contribution au service public de l’électricité (CSPE) dépendra du niveau des prix sur le marché de gros de l’électricité. A l’extrême, la filière éolienne pourrait contribuer à une diminution des charges de service public. Sur le long terme, cette perspective reste théorique puisqu’en en cas d’anticipation de prix durablement supérieurs aux tarifs d’achat, les producteurs auraient intérêt à résilier leur contrat pour vendre leur électricité sur le marché.
Pour l’autorité de Régulation, il paraît difficilement compréhensible qu’un moyen de production rentable sur le marché ait besoin d’aides de la puissance publique.
En conclusion, la Commission de régulation de l’énergie formule un avis défavorable au projet d’arrêté fixant les conditions d’achat de l’électricité produite par les installations utilisant l’énergie éolienne.
[Voir en ligne : L'avis de la CRE (en PDF)]
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