EWEA : Le secteur éolien sortira le 1er de la crise
Réunis à Marseille à l’occasion de l’EWEC 2009, les professionnels de l’éolien ont mis en avant les atouts du secteur face à la crise économique mondiale. Ils en appellent toutefois aux gouvernements pour garantir les investissements nécessaires au développement des énergies renouvelables.
Selon une déclaration de l’EWEA, l’association européenne pour l’énergie éolienne, le secteur attire de nouvelles sources de capitaux qui compensent la réticence des banques à octroyer des crédits aux projets.
“De plus en plus de compagnies électriques affichant un solide bilan financier mobilisent leurs capitaux dans le secteur de l’énergie éolienne auquel des investisseurs institutionnels portent également un intérêt de plus en plus marqué malgré la crise financière”, indique l’association européenne.
Les professionnels se veulent optimistes : ils estiment qu’ils seront les premiers à sortir de la crise. Toutefois, ils en appellent aux gouvernements et à la Banque Européenne d’Investissement (BEI) pour garantir les prêts et soulager la crise des liquidités bancaires, et relancer ainsi la reprise économique.
Selon l’EWEA, le marché de l’énergie éolienne en Europe dépend moins du financement des projets par les banques qu’il y a encore trois ou quatre ans : une part croissante des nouvelles installations est financée par des investisseurs institutionnels, des fonds d’infrastructures et des producteurs d’électricité affichant un bilan solide.
“Si de nombreux secteurs sont confrontés à une chute de la demande pour leurs produits, il n’en est rien pour le secteur de l’éolien européen”, a indiquéChristian Kjaer, CEO de l’EWEA lors d’une conférence de presse organisée hier à Marseille.
“Bien que ce dernier réussisse à attirer de nouvelles sources de financement, les gouvernements de l’UE devraient s’inspirer du plan de reprise américain qui prévoit des garanties d’emprunt à hauteur de plusieurs milliards de dollars pour des projets liés aux énergies renouvelables. Il faut que tous les canaux de financement, y compris les prêts bancaires et les crédits à l’exportation, soient grands ouverts pour répondre à la demande”.
Claude Turmes, membre du Parlement européen et rapporteur pour la Directive sur les énergies renouvelables a également souligné que le plan de relance économique européen devrait prévoir plus de ressources financières pour les garanties d’emprunt. Il a ajouté que “la proposition de la Commission européenne dans son projet de cinq milliards d’Euros pour le plan de relance économique pour co-financer l’éolien offshore ainsi que les premières structures du super-réseau européen était la bienvenue mais qu’elle ne suffisait pas.”
Il a estimé que “les chefs d’Etat doivent également faire face aux difficultés auxquelles les secteurs économiques les plus dynamiques, tels que l’éolien doivent faire face pour avoir accès aux finances nécessaires pour leurs investissements”.
“Ils devraient suivre les plans proposés par le Parlement européen visant à dédier une partie des montants du plan de relance économique pour garantir des prêts de la Banque d’investissement européenne ou d’autres banques à des projets en matière de renouvelables avec des fonds du budget de l’UE”, a-t-il ajouté.
“C’est exactement ce dont l’éolien et les autres secteurs d’énergie renouvelable ont besoin pour garantir une croissance rapide dans ce chaos financier, continuer à fournir de l’emploi, un leadership industriel et prévenir un changement climatique drastique tout en réduisant la dépendance énergétique de l’Europe”.
Le coût du capital est un facteur important pour tous les projets d’énergie éolienne, souligne l’EWEA. Les banques ont relevé le taux d’intérêt accordé aux projets éoliens de moins de 1 % à plus de 2 % au cours des 18 derniers mois. Cette hausse a néanmoins été plus que largement compensée par la baisse générale des taux de base des banques centrales. Le taux d’intérêt d’un prêt de financement d’un projet de ferme éolienne onshore de 100 MW en Europe est passé de 5,2 % à 4,3 % entre juillet 2007 et février 20092.
“Les gouvernements européens ont injecté des centaines de milliards d’euros pour soutenir les établissements bancaires, mais la fraction dont l’économie réelle pourrait bénéficier sous la forme de financements de projets est limitée car les banques ne sont pas disposées à reprêter cet argent”, a pointé Michael Liebreich, analyste du cabinet New Energy Finance.
“Cette difficultéà court terme ne traduit pas exactement l’attractivité du secteur à moyen terme. Selon une étude récente, 75 % des investisseurs institutionnels déclarent qu’ils investiront probablement davantage dans l’éolien d’ici 2012“
L’EWEA est convaincue que le secteur éolien va émerger rapidement, et même renforcé, de cette période d’instabilité, et qu’il sera considéré comme une valeur attrayante.
À tout le moins, l’énergie éolienne est moins risquée aujourd’hui qu’il y a un an, avance l’association, suite à l’accord signé en décembre 2008 par les chefs d’État de l’Union Européenne qui oblige les 27 États membres à couvrir une partie de leurs besoins énergétiques en recourant à des énergies renouvelables.
“Les investissements dans le secteur de l’énergie éolienne sont plus sûrs d’un point de vue économique que n’importe quel autre investissement énergétique car ils ne sont pas soumis aux fluctuations des cours du pétrole et du charbon” a poursuivi Christian Kjaer.
“49 % des investisseurs institutionnels déclarent aujourd’hui qu’ils sont plus susceptibles d’investir davantage dans une énergie propre qu’ils ne l’étaient il y a un an. Seuls 5 % d’entre eux déclarent qu’ils sont moins disposés à le faire. Nombre d’investisseurs ont étééchaudés par des valeurs à haut risque et exigent un rendement plus élevé que les 2 % qu’ils peuvent espérer d’obligations d’État. Les investisseurs institutionnels montrent la voie et les investisseurs individuels leur emboîteront le pas”.
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