Le secteur photovoltaïque confirme son essor
Le premier rapport de PricewaterhouseCoopers sur l’état de la filière photovoltaïque en France analyse les atouts d’un secteur au début de son développement.
Profitant notamment d’une demande favorable en 2009, il confirme son essor. Cette dynamique devrait au moins se poursuivre jusqu’en 2010. Mais la filière française aura des efforts à faire, particulièrement en matière de R&D pour rattraper son retard dans la construction des modules cristallins (panneaux solaires). La structuration de la filière et le contexte économique seront déterminants pour l’avenir.
L’essor du secteur photovoltaïque français s’accélère en 2009
Le marché français du photovoltaïque confirme son état de décollage accéléré depuis 2007 : la capacité annuelle installée en 2005 était de 7 MW, en 2008 de 100 MW, et on attend entre 200 et 300 MW de capacité supplémentaire pour 2009. Les prévisions du Grenelle de l’environnement paraissent en deçà de la réalité. L’impact de la crise limite la croissance mais est difficilement perceptible compte tenu des niveaux bas de départ du marché et de fondamentaux favorables :
- Le développement de l’industrie, essentiellement lié aux installations résidentielles depuis 2007 est désormais aussi porté par des installations de plus grande taille (au-dessus de 3 kWc2)
- Le bilan économique pour les utilisateurs est positif, avec des tarifs de rachat pour l’intégré au bâti encore élevés et des conditions d’ensoleillement allant de bonnes à excellentes (notamment dans le Sud)
D’après le rapport PricewaterhouseCoopers, cette dynamique positive devrait au moins durer jusqu’à fin 2010, portée par ces mêmes fondamentaux et accélérée par une baisse du prix des modules du fait d’une importante surproduction ces deux dernières années.
La structuration du secteur, principal enjeu de son développement
La filière photovoltaïque française est en gestation. Le contexte actuel très favorable devrait continuer d’alimenter la croissance du nombre de sociétés présentes sur le secteur, en provenance de tous horizons (grands groupes de l’énergie et du BTP, filiales de groupes étrangers, entrepreneurs, etc.).
En parallèle, en aval, le secteur devrait entamer une consolidation aux dépens des sociétés qui n’ont pas bâti une croissance pérenne par manque de fonds, de moyens techniques et financiers. « Aujourd’hui plus de 180 sociétés sont présentes dans l’aval de la production en France. La pression concurrentielle couplée à une baisse des tarifs de rachat dès 2012 devrait accentuer la consolidation», précise Benjamin Cros, Senior manager en charge de l’énergie pour le pôle Conseil en Stratégie de PricewaterhouseCoopers.
En amont, le marché est très concentré. Le développement de la filière française profite d’abord aux fabricants étrangers de cellules et modules, en particulier allemands, chinois et japonais, qui bénéficient d’une avance technologique. «La France doit se doter d’une stratégie de développement ambitieuse pour que cette industrie attire des capitaux étrangers et soit une pourvoyeuse pérenne d’emplois. En amont, de nombreuses opportunités existent, par exemple en Recherche et Développement : dans le domaine des technologies « couches minces » ou bien via l’intégration verticale par certains acteurs français de l’aval de la chaîne», note Alain Calmé, associé en charge du Conseil en Stratégie chez PricewaterhouseCoopers.
À moyen et long termes, le secteur devra relever des défis structurels. Le niveau de qualité des prestations d’installation/exploitation reste assez inhomogène selon les acteurs. L’accessibilité au réseau demeure un enjeu majeur de la croissance. Les problèmes de stockage et de transport de l’électricité ne sont pas encore résolus. Enfin, même si le photovoltaïque a toute sa place dans nos maisons du futur, l’intégration dans les toits demande selon les endroits des ajustements esthétiques.
Au-delà de 2010-2012, un tournant pour l’avenir de la filière photovoltaïque
“Pour les acteurs de la filière, l’enjeu est triple : capter au maximum la croissance attendue du marché, tirer profit des mouvements du paysage concurrentiel, et enfin gérer les incertitudes sur le financement de projets “, souligne Alain Calmé.
“L’énergie photovoltaïque constitue un élément clef du puzzle énergétique de demain, fait de technologies réduisant la facture carbone, de bâtiments à haute efficacitéénergétique, de réseaux intelligents de distribution dits « smart grids ». Elle offre un modèle décentralisé de consommation / production d’électricité“, indique Benjamin Cros.
Cependant des incertitudes demeurent quant à la pérennité de cette croissance. Au-delà de 2012, la visibilité est limitée. Le gouvernement a annoncé son intention de maintenir les tarifs de rachat jusqu’à 2012 mais des aménagements par segments (entre parc professionnel / résidentiel, et intégré ou non au bâti) peuvent se produire à partir de 2010. En outre, il subsiste encore pour la filière un risque de scénario de développement similaire à celui qu’a connu l’industrie éolienne. “L’avenir immédiat dépendra de facteurs externes autant qu’internes au marché français, en particulier de l’amélioration de l’accès au crédit, du développement du marché dans d’autres pays (Etats-Unis, Italie), de la consolidation attendue dans l’aval de la filière, et bien sûr du niveau de soutien du gouvernement (avec une première échéance annoncée au deuxième semestre de 2009)“, indique Benjamin Cros.
Méthodologie
Le « Premier rapport de PricewaterhouseCoopers sur l’état de la filière en France » a été publié en mars 2009. Il s’agit d’une étude qualitative, basée sur une série de 32 entretiens ciblés conduits auprès d’acteurs du secteur (installateurs, exploitants, organismes financiers, organismes d’audit et de contrôle, bureaux d’études, etc.).
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