Edito : le photovoltaïque Allemand : un soleil… brûlant (UFE)
Dans son dernier Edito, L’Union Française de l’Electricité (UFE) a observé le fonctionnement du système de financement du photovoltaïque dans d’autres pays européens : “A ce titre, l’exemple énergétique allemand est édifiant.”
“Très discrètement, entre le 1er janvier 2012 et le 1er janvier 2013, l’équivalent allemand de la CSPE (EEG) a enregistré une hausse de 47 % !
La cause de cette augmentation pour le moins considérable se trouve dans le déploiement à un rythme extrêmement soutenu du photovoltaïque (PV) dans la droite ligne des décisions prises par le gouvernement allemand en matière de stratégie énergétique. Au-delà de l’impact sur l’ensemble du système électrique outre-rhin, les consommateurs allemands n’ont pas fini de voir leur facture augmenter.”
“En effet, le gouvernement allemand a prévu un système de subventionnement au PV qui ne s’arrêtera qu’après avoir atteint 52 GW. De fait, cette technologie connaît un développement de plus en plus massif en Allemagne. Comme au 1er janvier 2013, la puissance installée était de 32,4 GW, il reste donc encore près de 20 GW à construire et donc à subventionner. [1]“
Des factures qui s’envolent
“Mais la facture électrique, elle, est déjà au rendez-vous. avec 53 € par MWh, contre 36 € il y a un an. Soit, pour la consommation moyenne d’un ménage, un impact annuel de 185 € (en hausse de 60 € par rapport à 2012), la facture électrique totale moyenne des ménages allemands s’élevant, désormais, à 1000 € [2]. Et encore ceux-ci peuvent-ils s’estimer heureux que le niveau de subvention du PV en Allemagne ait été diminué de 50 % par rapport au dispositif initial. La ponction annuelle sur les revenus des ménages allemands s’élève ainsi à 7,5 Mds €. Pour financer la totalité du parc PV cible (quasi équivalent à la puissance installée au parc nucléaire français), les ménages allemands verront donc, très probablement, leur facture augmenter encore d’environ 25 à 30 € / MWh d’ici 2015, le prix de détail devant alors dépasser les 300 €.”
Des conséquences au-delà de l’Allemagne
“Malgré son impact financièrement exorbitant, le Gouvernement allemand maintient fermement le cap sur le développement du solaire. Avec des conséquences au-delà de l’Allemagne seule. Tout d’abord le fardeau financier implique une forte adhésion de la population à l’objectif « environnemental » sous-tendu par le dispositif.
Ensuite, comme la disponibilité du PV est globalement faible (12 % en moyenne), ceci va aboutir, d’ici 2020, à doter l’Allemagne d’une capacité installée beaucoup plus importante que celle de la France, soit 220 GW contre 145, et ceci pour une production finale relativement proche. Malgré un tel effort, le parc électrique allemand va continuer, pendant encore de nombreuses années, àémettre entre 500 et 600 gr de CO2 par KWh produit, soit 7 fois plus que le parc électrique français.[3] En été, le système électrique allemand va disposer d’une capacité très importante de déséquilibre des marchés en pouvant proposer des volumes très importants à l’export et ceci à« vil » prix, puisque largement subventionné.
Enfin, à partir de 2015, ce qui reste de l’industrie du PV en Allemagne[4] sera obligé de s’engager totalement à l’export et deviendra donc un concurrent redoutable pour une filière française en émergence si celle-ci ne s’est pas engagée, d’ici-là, dans des technologies nettement plus sophistiquées.“
Qui va payer ?
“Mais, in fine, la question-clé demeure : qui assumera le financement de telles capacités de photovoltaïque ? Ainsi, l’Espagne, qui s’était engagée sur la même voie que l’Allemagne, se retrouve aujourd’hui dans l’impossibilité de faire payer aux clients finaux le prix de cette politique.
Ceci a généré une grand partie de la titrisation de près de 40 Mds € de recettes non perçues par les électriciens. La France, qui est pourtant bien loin d’un niveau d’engagement identique[5], laisse déjàà la charge d’EDF près de 7 Mds € de CSPE non refacturée, et le niveau d’une CSPE à 13 €, qui serait à la charge intégrale du consommateur, est jugé insupportable.”
“A méditer à l’heure où la France s’engage elle aussi dans une transition énergétique qu’il convient de réussir collectivement non seulement aujourd’hui mais, surtout, pour les générations à venir.”
[1] Au rythme actuel, les 52 GW devraient être installés d’ici fin 2015
[2] Contre 600 € pour un ménage français
[3] Du fait de la substitution du nucléaire par les centrales au lignite. Rappelons que l’Allemagne brûle, par an, 180 Mt de lignite et 120 Mt de charbon.
[4] Face à la concurrence asiatique, et malgré l’ampleur du marché national, de nombreux équipementiers allemands ont fait faillite, ou, à l’instar de Siemens ou de Bosch, se sont totalement retirés du marché.
[5] La capacité de PV installée en France, début 2013, n’est que de 2,2 GW.
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