Eole Miquelon arrête sa centrale éolienne pour raison économique
Eole Miquelon, l’une des filiales du Groupe Quadran, propriétaire des 10 éoliennes de 60 kW installées depuis l’an 2000 sur le site de « l’anse au Wary », a annoncé l’arrêt de son parc éolien dans l’archipel de St-Pierre et Miquelon.
Cette installation, mise en service en 2000 dans le cadre du programme Eole 2005, n’a jamais été autorisée à produire à pleine capacité (1,7 GWh annuels attendus soit presque 30% de la consommation moyenne de l’île).
En effet, selon Quadran, il était impossible d’injecter complètement la production éolienne dans le réseau national du fait du fonctionnement imposé par EDF qui privilégie l’usage prioritaire de ses groupes diesel.
Les études et tests préalables à la réalisation du projet – ayant notamment impliqué les équipes de R&D d’EDF – avaient pourtant montré la faisabilité du projet et la bonne qualité de la fourniture.
“Malgré la très bonne disponibilité du matériel et l’excellent gisement éolien dont bénéficie l’île, la production de la centrale éolienne a régulièrement été bridée de plus de 50 % de ses possibilités par une gestion inadaptée des moyens de production diesel d’EDF” a déploré Quadran. “Récemment encore, EDF sous couvert d’un « risque » pour son exploitation et la « stabilité» du réseau (ce qui est loin d’être le cas comme en atteste le « black out » du 4 janvier 2014), et en pleine période de pénurie de carburant sur l’ile, a empêché les éoliennes de produire alors que cette énergie renouvelable permet justement à Miquelon de réduire sa dépendance au gazole.”
A aucun moment, la priorité n’a été donnée à l’éolien, comme le prévoit la réglementation.
“Cette centrale est pourtant la seule source de production électrique d’origine renouvelable de l’archipel de Saint Pierre et Miquelon. Sur la période 2000-2013, elle a permis de produire 15 % de l’électricité consommée sur le réseau miquelonnais et ainsi d’économiser 2 000 tonnes de gazole, soit environ 10 000 tonnes de CO2 non émis dans l’atmosphère” a également précisé Quadran.
Le prix moyen de vente contractuel à EDF de l’électricité délivrée par Eole Miquelon depuis sa mise en service se situe en dessous de 14 ct€/kWh. Ce prix a été déterminé pour des conditions «normales » d’exploitation et aurait dû permettre à Eole Miquelon d’être bénéficiaire. Mais les conditions d’exploitation imposées par EDF, ont conduit la société Eole Miquelon à accumuler des pertes à hauteur de près de 1,5 ME depuis la mise en service industrielle, le 31 décembre 1999.
Pourtant, ce prix est très largement inférieur au coût de production des groupes diesel d’EDF qui est de l’ordre de 35 à 40 ct€/kWh à Miquelon et l’utilisation optimale des éoliennes aurait ainsi pu permettre à la collectivité nationale (par la CSPE) d’économiser environ 350.000 euros/an, soit prés de 5 ME depuis leur mise en service.
“Cette situation intolérable n’a jamais trouvé d’écho auprès des parties prenantes du projet (élus – CRE – EDF – etc.)” a estimé Quadran.
Dans ce contexte de blocage, le Groupe Quadran se dit contraint d’arrêter la centrale, “pourtant tout à fait opérationnelle et capable de fonctionner encore plusieurs années, avec des conséquences multiples et graves” :
Sociales puisque le salarié en CDI habitant sur Miquelon perdra son emploi local (avec par ailleurs la suppression d’interventions de courte durée d’un opérateur supplémentaire en périodes de maintenance active, comme ce fut le cas ces derniers mois)
Economiques sur la CSPE puisque la production éolienne sera alors remplacée par une production thermique dont le coût est aujourd’hui largement supérieur. L’impact immédiat et durable sur la CSPE sera d’environ 350.000 €/an.
Environnementales avec l’augmentation des émissions de CO2 du secteur de la production d’électricité (suppression d’un moyen de production renouvelable qui aurait pu assurer 30% de la production de l’île).
Sociétales, avec la fermeture, faute de solution technique ou économique, d’un site de production renouvelable en état de fonctionner. Cette issue défavorable constituerait, à notre connaissance, une première en France.
“Cette centrale emblématique, une des premières installations au monde à démontrer la faisabilité industrielle du fonctionnement mixte éolien/diesel, tête de pont de la technologie française en Amérique du nord, va être arrêtée faute de vision des décideurs techniques, politiques et financiers impliqués dans ce dossier. La France va une fois encore montrer la difficulté de développer les énergies renouvelables sur son territoire, même là ou leur justification économique est largement démontrée” a constaté amèrement Jérôme Billerey, Directeur Général de Quadran acteur de ce projet depuis son origine.
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