“Je défendrai judiciairement ce dossier jusqu’au bout”
«Je ne m’explique pas que le Tribunal puisse accorder sa protection à La Compagnie du Vent à un moment clé pour son avenir et que, quelques jours plus tard, il cautionne la révocation de son fondateur. Je prends acte des décisions du Tribunal de Commerce de Montpellier dont j’ai bien entendu décidé de faire appel» a déclaré Jean-Michel Germa, actionnaire minoritaire et “ancien “président de la CdV.
Deux décisions ont été rendues par le Tribunal de Commerce de Montpellier les 8 et 15 juin 2011.
D’un côté, le tribunal confirme provisoirement l’autorisation qui a été donnée à GDF Suez de tenir l’assemblée des associés le 27 mai dernier ayant conduit àla révocation de son président. De l’autre, son président avait valablement ajourné cette assemblée générale et avait placé La Compagnie du Vent sous la protection du Tribunal de Commerce, protection que celui-ci lui a accordé en vertu d’une décision du 23 mai 2011.
La Compagnie du Vent demande à son actionnaire majoritaire (GDF Suez) de respecter ses engagements, à savoir financer sa croissance immédiate. Or, comme ce financement n’a toujours pas été apporté, la mise en œuvre des projets semblent compromis, d’où cette demande de protection du Tribunal.
Jean-Michel Germa relate Les origines du conflit :
«En 2007, j’ai proposéà GDF Suez d’entrer au capital de La Compagnie du Vent afin que nous construisions ensemble l’avenir de cette entreprise leader de l’éolien français, notamment avec le projet offshore des Deux Côtes. En effet, dès 2005, il m’est apparu qu’une politique indépendante n’aurait pas permis à La Compagnie du Vent, seule, de pouvoir développer, construire et exploiter des projets d’envergure tels que celui des Deux Côtes (plus de 2 milliards d’euros d’investissements). C’est la raison pour laquelle j’ai voulu me marier avec le Groupe GDF Suez. Mais, comme tout mariage durable, il suppose équité et respect des accords conclus…
… Ma volonté reste intacte : je continuerai, en ma qualité de mandataire social de l’associé minoritaire de La Compagnie du Vent à défendre les intérêts de l’entreprise et de ses 156 salariés. Je démontrerai aussi que GDF Suez n’a pas respecté les accords qui nous lient depuis l’origine, portant ainsi préjudice à l’entreprise. GDF Suez a volontairement entravé le développement de La Compagnie du Vent et a privilégié, à son seul profit, d’autres partenariats industriels. GDF Suez n’a pas agi dans les meilleurs intérêts de la Compagnie du Vent alors même qu’elle avait pris cet engagement en 2007…
… Dernier développement en date : GDF Suez est actuellement en ordre de marche et se prépare à répondre à l’appel d’offre de l’éolien offshore via un consortium le liant à Areva et Vinci qui réduit le rôle de La Compagnie du Vent à la portion congrue ! J’ai appris cette alliance via les médias et je suis légitimement très inquiet…
… Cet actif est essentiel pour la pérennité de La Compagnie du Vent telle qu’elle existe aujourd’hui. Or GDF Suez va imposer à La Compagnie du Vent de lui transférer les études réalisées et son savoir faire contre une indemnisation dont le montant n’a rien à voir avec les bénéfices que pouvait escompter la société si elle était restée au centre de la réalisation de ce projet. Je vous rappelle que La Compagnie du Vent a découvert, initié et développé depuis plus de 5 ans le projet de parc éolien offshore des Deux Côtes. Et elle a mené le Débat Public qui s’est déroulé tout au long de l’année 2010…
…. Aucun entrepreneur responsable ne peut accepter une telle issue : je pense à l’avenir de la société et à la pérennité des emplois au-delà de la phase de compétition de l’appel d’offre. Or sur ces deux points, aucune garantie n’a été donnée par le Groupe à ce jour alors qu’il veut s’approprier des actifs qui ne lui appartiennent pas.»
Des précédents ont existé aussi à l’étranger !
En août 2010, suite à un appel d’offre lancé pour réaliser un vaste projet éolien situéà Tarfaya au Maroc, le Groupe GDF Suez avait déjà mis un terme aux ambitions de développement international de La Compagnie du Vent. Il avait privilégié un partenariat industriel avec International Power, filiale à 100% et concurrent direct de La Compagnie du Vent.
Or Tarfaya (plus de 600 millions d’euros d’investissement) était un projet éolien essentiel pour l’entreprise et les emplois qu’il devait générer. Le préjudice subi n’a jamais été pris en considération, et ce, en dépit des accords conclus en 2007 qui lient GDF Suez, La Compagnie du Vent et SOPER.
PME et grands groupes : une alliance impossible ?
De telles pratiques, en France ou à l’étranger, affectent la réputation et l’essor de la société. Durablement.
«J’ai joué la carte du Groupe pensant que le développement de la société se ferait à la fois avec le soutien financier de GDF Suez et l’expertise éprouvée des équipes de La Compagnie du Vent. J’ai moi-même voulu ce mariage pour donner aux énergies renouvelables la place qu’elles méritent, faire exister l’ambitieux projet de parc éolien des Deux Côtes, et par là-même, donner naissance à une filière industrielle offshore dans notre pays…
… Je comprends parfaitement les logiques économiques qui consistent à privilégier de grands champions nationaux dans des secteurs clés. Mais, en tant que chef d’entreprise, je ne peux pas accepter que ces choix se fassent au détriment des PME parce qu’elles favorisent l’innovation, la création de richesse et l’emploi dans notre pays… Un sujet de débat en soi à l’heure où la créativité du tissu industriel des PME françaises est mise à mal par l’arithmétique sans éthique de certains grands groupes…
… Mais au-delà des considérations éthiques, c’est aussi et surtout sur des points de droit que se cristallise le conflit avec GDF Suez. Et je défendrai judiciairement ce dossier jusqu’au bout pour assurer l’avenir d’une sociétéà laquelle je reste très attachée, ainsi que celui de l’ensemble de ses équipes.» conclut Jean-Michel Germa.
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