Recyclage des panneaux solaires : un projet de loi en 2012
“Les industriels du photovoltaïque anticipent un durcissement règlementaire et mettent spontanément en place des programmes de recyclage des panneaux solaires” : Alcimed, la société de conseil et d’aide à la décision fait le point sur la problématique du recyclage des panneaux photovoltaïques.
L’installation des panneaux photovoltaïques a débuté dans les années 90. D’une durée de vie de 20 à 30 ans, les premiers panneaux solaires installés soulèvent aujourd’hui la question du recyclage. L’association PV Cycle[1] estime que le nombre de panneaux solaires usagés augmentera en Europe dans les années à venir : En 2010, le recyclage représentait 500 tonnes, il est estiméà 2 000 tonnes par an en 2020.
L’exception réglementaire de la filière solaire est remise en question par la Communauté Européenne : Les industriels anticipent d’ores et déjà ce changement
Théoriquement, les panneaux solaires devraient être soumis à la directive européenne relative aux déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) qui contraint les industriels à recycler ce type de produit en fin de vie. De plus, la fabrication de panneaux solaires de couche mince devrait normalement être limitée. En effet, ces panneaux sont conçus à partir de Cadmium et de Tellure, deux métaux fortement toxiques dont l’utilisation est réglementée par la directive européenne RoHS (Restriction of Hazardous Substances). Soucieuse toutefois d’encourager le développement de la filière photovoltaïque, l’Union Européenne a décidé d’épargner ces contraintes à la filière solaire.
Or ces privilèges ne dureront probablement pas. La Commission Européenne étudie précisément le sujet et a reçu jusqu’au mois de juin dernier les entreprises du secteur en vue de proposer une loi qui devra ensuite être votée par le Parlement européen. Ce projet de loi que veut initier la Commission Européenne devrait vraisemblablement mettre fin à l’exception règlementaire (DEEE) dont bénéficie aujourd’hui la filière solaire. Le parlement et le Conseil européen devraient donc bientôt se prononcer sur cette loi et composer avec les puissants lobbies du secteur pour fixer le sort de la filière.
L’incertitude est donc de mise. Certains acteurs l’ont bien compris et ont commencé d’ores et déjàà mettre en place leurs propres programmes de recyclage. Ces initiatives permettront également de limiter l’impact écologique des panneaux photovoltaïques, fabriqués à partir de métaux polluants. Le recyclage pourrait aussi permettre aux industriels de réaliser des économies sur le long-terme en réutilisant certains matériaux onéreux présents dans les panneaux, comme le silicium.
Des industriels proactifs dans le recyclage des panneaux solaires
Premier concerné en tant que leader mondial des panneaux solaires à couche mince, fabriqués notamment en Allemagne, l’américain First Solar a intégré dès 2005 une chaîne de recyclage sur chacun de ses sites de production de panneaux. La société déclare ainsi récupérer près de 90 % du poids (surtout du verre) d’un module photovoltaïque et 95 % du Cadmium et du Tellure. First Solar a même provisionné un fond spécial pour financer le recyclage des panneaux en cas de faillite de l’entreprise.
De même, sur le segment des panneaux solaires de première génération (à base de silicium), Sunicon, parmi d’autres, a développé une méthode de recyclage des panneaux.
Au niveau européen, l’association PV cycle qui regroupe plus de 200 entreprises internationales productrices et importatrices de panneaux solaires en Europe et représente plus de 90% des panneaux photovoltaïques vendus en Europe, a été fondée en 2007. L’objectif de PV cycle est d’établir une filière de recyclage qui devrait être opérationnelle en 2015. Ses membres se sont ainsi engagés en 2008 à récupérer au moins 65% des panneaux installés en Europe depuis 1990, et à recycler 85% des déchets récoltés. L’objectif de 2011 est de 700 tonnes. Concrètement, le démonteur du panneau solaire est chargé de rapporter le panneau usagéà l’un des 173 points de collecte existant aujourd’hui en Europe. De là, ils sont transférés vers une usine de recyclage afin de récupérer entre autre le Silicium. Celui-ci sera ensuite réutilisé dans la fabrication de nouveaux panneaux.
Ce phénomène ne se limite pas à l’Europe. Même s’il n’existe pas encore de directive imposant le recyclage des panneaux solaires aux Etats-Unis, certaines entreprises américaines, comme PV Recycling, ont déjà fait le choix de se spécialiser sur ce créneau. En Asie, la société japonaise Showa Shell Sekiyu K.K., qui est la société mère de Solar Frontier, a créé une joint-venture avec d’autres partenaires afin de construire la première usine de recyclage de panneaux solaires au Japon.
Le recyclage : une opération complexe
Malgré ces avancées, le recyclage est encore trop cher comparéà l’achat de nouvelles matières premières. Le National Photovoltaics Environmental Research Center estime qu’une usine de recyclage de panneaux solaires devient compétitive à partir de 470 tonnes de panneaux recyclés par an, à la condition que les composants des panneaux photovoltaïques soient facilement dissociables. Ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui et ceci impliquerait de repenser entièrement le design des panneaux en vue de leur recyclage.
Les acteurs de la filière PV, qui ont pu bénéficier d’une exception réglementaire, sont en train de structurer pro-activement une filière de recyclage. C’est un enjeu environnemental et économique crucial. Il ne faut toutefois pas sous-estimer les challenges technologiques qui restent à adresser dans la conception des panneaux et dans les procédés de traitement pour que cette filière devienne une réalité au niveau économique. Une autre solution consisterait à partager les coûts en recyclant dans ces mêmes centres les écrans plats, dont la composition est assez proche de celle des panneaux solaires.
[1] PV Cycle, est la première association européenne de recyclage de panneaux photovoltaïques
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