Tour d’horizon des principaux producteurs de cellules solaires
Dans son dernière baromètre du photovoltaïque, l’organisme Eurobserv’ER revient en détail sur la santé financière, bonne ou mauvaise, des principaux fabricants solaires mondiaux parmi lesquels on trouve les chinois Suntech et JA Solar, l’américain First Solar, et l’allemand Q-Cells.
Par ailleurs, on remarque que dans le TOP 10 des fabricants de cellules photovoltaïques en 2011 (en MWc), la région Asie consolide sa postion de leader avec 7 fabricants, suivie par l’Amérique du Nord.
1 milliard de dollars de pertes pour Suntech
Le premier fabricant mondial de cellules, le Chinois Suntech Power, a annoncé des pertes records en 2011 se chiffrant à plus de 1 milliard de dollars, comparéà un bénéfice net de 237 millions de dollars en 2010. L’entreprise a subi cette perte alors que, dans le même temps, elle a augmenté ses expéditions de modules de 33,3 %, atteignant 2 096 MWc, le chiffre d’affaires net (net revenus) augmentant même à 3,1 milliards de dollars en 2011, comparéà 2,9 milliards de dollars en 2010. Cette situation découle de la forte diminution du prix des modules, qui a entraîné une diminution de sa marge brute.
Pour 2012, la compagnie prévoit de livrer entre 2,1 et 2,5 GWc de modules et de maintenir ses capacités de production de modules et de cellules à 2,4 GWc.
Le 1er février 2012, l’industriel chinois a annoncé un partenariat stratégique avec le géant américain de la chimie DuPont, afin de travailler sur de nouvelles technologies solaires dans le but de réduire les coûts de production. Sur le plan technologique, Suntech a annoncé que sa cellule Pluto (multicristalline) avait atteint un rendement de 20,3 % (19,6 % pour la première génération) et que la société projetait de le faire passer à 21 % dans les 6 à 12 mois prochains.
First Solar, de producteur à opérateur
L’entreprise américaine First Solar, spécialiste du module CdTe, dispute la première place des producteurs de modules au Chinois Suntech avec une production de près de 2 GWc en 2011. Cependant, la baisse continue du prix des modules cristallins ne favorise pas le développement des technologies couches minces.
Le fabricant a encaissé une perte de 413,1 millions de dollar en raison de frais de restructuration. À pareille date en 2010, First Solar avait engrangé un bénéfice net de 155,9 millions de dollars.
Sur l’année 2011, les pertes sont limitées à moins de 40.000 dollars contre un profit net de 664.201 dollars en 2010.
Le chiffre d’affaires de l’entreprise est passé de 2 564 millions de dollars en 2010 à 2 766 millions de dollars en 2011. Pour 2012, l’entreprise a revu ses perspectives de croissance et prévoit un chiffre d’affaires compris entre 3,5 et 3,8 milliards de dollars. First Solar a également bénéficié indirectement de 3,1 milliards de dollars en garanties de prêts du Département de l’énergie (DoE) dont 1,46 milliard mis à la disposition d’un consortium de prêteurs, parmi lesquels Goldman Sachs, Lending
L’industriel américain a annoncé qu’il serait contraint de réduire le niveau de production de son usine de production allemande de Francfort à la moitié de ses capacités de production. Pour juguler la baisse de profitabilité de son activité de production de modules, l’entreprise prévoit d’accélérer sa diversification vers une activité de constructeur et d’opérateur de centrales photovoltaïques.
Sur le plan technologique, le rendement moyen des modules First Solar est passé de 11,4 % en 2010 à 11 7 % en 2011, avec l’espoir d’atteindre 12,7 % au 4e trimestre 2012. La société a mis à jour sa feuille de route sur le rendement de ses modules en décembre 2011 avec un objectif de 14,5 à 15 % de rendement moyen à la fin de l’année 2015. L’industriel a également annoncé qu’il était parvenu à réduire ses coûts de production de modules à 0,73 dollar par watt au 4e trimestre 2012, en baisse de 0,02 dollar par rapport au 4e trimestre 2010.
JA Solar reste bien positionnée
JA Solar dispose d’une capacité de production de cellules qui lui permettrait de devenir numéro 1 mondial, soit pas moins de 2 800 MWc en 2011. Mais une demande mondiale insuffisante lui a permis de livrer seulement 1 690 MWc en 2011 (3e rang mondial), soit une modeste augmentation de 15,8 % entre 2010 et 2011, si on la compare à celle de 2010 (+ 181 % par rapport à 2009). Pour cette année, l’industriel chinois prévoit une production de 2 200 MWc. Son chiffre d’affaires a légèrement baissé en 2011 à 1,7 milliard de dollars (1,9 en 2010).
Les profits bruts, malgré une baisse importante, sont restés positifs en 2011 avec 73,3 millions de dollars (404,6 millions en 2010). La perte opérationnelle a, quant à elle, été limitée à 66,8 millions de dollars en 2011 (+ 314,2 millions de dollars en 2010). Les années fastes de l’industriel lui ont permis de conserver un bon niveau de liquidité, ce qui devrait lui permettre d’envisager l’avenir plus sereinement que beaucoup de ses concurrents.
Q-Cells dépose le bilan
L’ancien premier fabricant mondial de cellules allemand, Q-Cells, s’est finalement résigné, le 4 avril 2012, à entamer une procédure d’insolvabilité auprès de la Cour de justice de Dessau. Après un examen approfondi du plan de restructuration, le Conseil d’administration a abouti à la conclusion que la poursuite de l’activité ne pouvait pas s’appuyer sur une base juridique suffisamment solide.
Le plan de restructuration prévoyait que les emprunts convertibles arrivant àéchéance en 2012, ainsi qu’en 2014 et 2015, soient convertis en action. Il était prévu qu’au terme de l’accord, les créanciers détiendraient 95 % de l’entreprise tandis que les anciens actionnaires garderaient 5 %. Sur le plan financier, l’entreprise avait vu son chiffre d’affaires baisséà 1.023 millions d’euros en 2011 (1.354 millions en 2010 ) . Le bénéfice net avait chuté de 18,9 millions d’euros en 2010 à – 845,8 millions d’euros. Pour limiter les pertes, Q-Cells avait été contraint de diminuer son volume de production à 783 MWc en 2011 (1 014 MWc en 2010), chutant du 6e au 13e rang des producteurs de cellules.
Les 10 premiers fabricants de cellules photovoltaïques en 2011 (en MWc)
Vers un changement de paradigme
Dans de nombreux pays de l’Union européenne, la parité réseau, que ce soit dans le secteur résidentiel ou sur le marché de gros de l’électricité, interviendra beaucoup plus rapidement que prévu, quelques années seulement dans le secteur résidentiel (autour de 2016). Cette situation devrait logiquement conduire les gouvernements à revisiter le potentiel de leur filière solaire.
Quant aux objectifs actuels établis dans le cadre des plans d’action nationaux énergies renouvelables, ils seront inévitablement revus à la hausse. Au niveau de l’Union européenne, nous sommes déjà en 2011 pratiquement dans la situation prévue pour 2015 (soit 54 408 MWc) pour la puissance installée. L’Allemagne a déjà plus d’un an d’avance sur sa trajectoire prévue, 4 ans d’avance pour le Royaume-Uni, 5 ans pour la France et un objectif 2020 déjà largement dépassé pour l’Italie, la Belgique, la République tchèque et la Slovaquie.
La progression beaucoup plus rapide du marché en 2011 a conduit Observ’ER à réévaluer ses prévisions pour 2020. Tenant compte des estimations d’experts nationaux interrogés dans le cadre de cette enquête, la puissance cumulée de l’Union européenne se situerait autour des 120 GWc en 2020, soit plus de 40 % de plus que l’objectif actuel (84,4 GWc).
Répartition géographique de la production de cellules photovoltaïques en 2011
Cette prévision est une hypothèse basse et ce chiffre pourrait être largement revu à la hausse avec la mise en place d’objectifs politiques plus ambitieux.
La progression ne devrait cependant pas être linéaire. La diminution drastique des incitations et la mise en place de plafonds devraient, pendant au moins trois ans, plus que contenir le marché de l’Union. Ensuite, durant la deuxième moitié de la décennie, la logique économique devrait reprendre ses droits .
Dans le secteur résidentiel, une période de sevrage sera nécessaire pour que les particuliers ne subordonnent plus leurs décisions d’investissement à des aides généreuses. Les pouvoirs publics pourraient décider, à l’image de ce qui se passe déjà au Japon, ne rémunérer que le surplus de l’électricité non consommée sur le site. Ce système a l’avantage de modifier les comportements en diminuant la consommation d’énergie afin de favoriser la revente. La vraie relance du marché devrait intervenir un peu plus tard dans la décennie, quand le coût de l’électricité photovoltaïque se rapprochera du prix de gros de l’électricité. Nous changerons alors de paradigme et la vraie limite de la filière sera alors la capacité des réseaux à l’incorporer.
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