L’énergie solaire peut elle contribuer à sauver la Grèce ?
Qu’advient-il des programmes d’énergie renouvelable dans un pays frappé par la crise de la dette, comme celle qui a touché durement la Grèce à partir de 2009 ? meurent-ils dans les vents de l’austérité ?
Et comment les grecs perçoivent ces programmes alors même que beaucoup d’entre eux ne parviennent plus à se chauffer convenablement ?
Les réponses à ces deux questions sont en fait liées, selon une nouvelle analyse du Journal de l’énergie durable et renouvelable publiée par l’AIP Publishing.
Selon Daniel Knight de la London School of Economics, co-auteur avec Sandra Bell de l’Université de Durham au Royaume-Uni, les programmes d’énergie renouvelable, – solaire notamment – pourraient s’avérer être plus que jamais d’actualité en Grèce. Leur contribution permettrait en effet de réduire les coûts d’énergie domestique, tout en offrant un produit d’exportation qui aiderait à atténuer les effets de la crise économique.
Cette opportunité pourrait voir le jour à condition toutefois précisent t-ils de prendre en considération les préoccupations de la population.
Les 2 chercheurs ont constaté que l’un des défis majeurs non satisfaits auxquels l’industrie solaire en Grèce doit faire face restait la méfiance du public vis à vis des programmes impliquant des sociétés internationales, des gouvernements étrangers et des opérations bancaires pratiquées hors de leurs frontières.
“S’adresser aux préoccupations du public demeure cruciale pour la réalisation du potentiel de l’énergie solaire“, a expliqué Daniel Knight. “Il est nécessaire de comprendre non seulement le rôle de la politique du gouvernement, mais aussi de réfléchir sur les relations sociales et la conscience historique chez les Grecs.”
Lorsque la récession mondiale a accéléré la crise de la dette en 2010, la Grèce a été pris à la gorge par les prix du pétrole et du gaz qui ont atteint des sommets inégalés tandis que les revenus des ménages baissaient rapidement. Certaines régions du pays ont fait un saut dans le passé presque du jour au lendemain, a précisé Daniel Knight.
“Les effets de la crise sont ressentis comme très profonds. Aujourd’hui, de nombreux Grecs ne peuvent plus se payer ‘le luxe’ de prendre leur voiture, de cuisiner un repas ou de chauffer leur maison. L’hiver dernier, des personnes brûlaient régulièrement de vieux meubles, des vêtements ou des plastiques pour rester au chaud. La récolte illégale de bois est endémique, alors que la lignite (charbon ‘sale’) reste la principale source d’énergie en Grèce“, a t-il ajouté.
En appliquant des méthodes de recherche anthropologique, Daniel Knight a vécu avec les habitants dans le centre de la Grèce pendant de longues périodes au cours des deux dernières années pour tenter de comprendre l’influence des communautés sur les initiatives d’énergies renouvelables en Grèce. En plus d’avoir lu des archives et regardé des reportages ciblés, il a avec Sandra Bell, interviewé des propriétaires, des agriculteurs, des fonctionnaires des administrations locales, des ingénieurs et des entrepreneurs en énergies renouvelables.
Résultat : un certain nombre de personnes, y compris des fournisseurs et grossistes d’énergie, reconnaissaient que les initiatives solaires sous leur forme actuelle, n’étaient pas viables et que des changements d’orientation politique étaient nécessaires. Mais ils ont également constaté que le gouvernement grec avait une politique de communication assez pauvre au niveau local, laissant les gens découvrir par eux mêmes (bouche à oreille) les diverses initiatives concernant l’énergie.
Rétrospectivement, la crise a eu pour conséquence d’ajouter de la suspicion sur toutes formes d’énergie alternative, comme beaucoup de grecs ont eu peur de subir les effets d’une privatisation rapide du secteur de l’énergie. Certaines personnes ont signalé qu’elles se sentaient déjà obligées d’installer des panneaux solaires sur leurs terres agricoles, en raison des mesures d’austérité imposées par l’UE, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne.
“Ces craintes ne sont pas prêtes d’être effacées car les politiques nationales et européennes en constante évolution se chevauchent (…) A ce constat s’ajoute aussi une incapacité générale à communiquer ces changements à la population au niveau local” a précisé une fois de plus le chercheur.
“La résistance aux politiques et aux programmes d’énergie renouvelable est souvent profondément enracinée dans l’histoire et la culture locale“, a t-il conclu, “et ce contexte doit être apprécié pour que des initiatives solaires deviennent efficaces et durables à long terme.”
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